تشكيــل..
الوقائـع الفنيـة
Omar
Bouragba à la galerie d'art Espace Expressions CDG
La
mémoire du corps ou les géographies de l’âme
Les
cimaises de la galerie d'art «Espace Expressions CDG » à Rabat abritent les
œuvres créatives de l'artiste de renom Omar Bouragba dans le cadre d’une
exposition rétrospective (1960 - 2016) sous le signe «La mémoire du corps ou les géographies de
l’âme» et ce jusqu’au12 janvier 2018.
Omar
Bouragba est l’une des figures incontournables de l’art contemporain au Maroc.
Son travail est celui d’un peintre abstrait, féru de géométrie lyrique. Il
renouvelle chaque fois sa manière, tout en restant lui-même. Dans ce sens, les
travaux de cet artiste d’exception sont
dévoilés à travers une exposition rétrospective qui réunit des
œuvres récentes et anciennes sur une période de 56 ans
Par :Hassan Nour
Elle présente
les différentes périodes créatives de son
travail en évoquant les tendances et les thématiques. Il faut dire que
les œuvres de cet artiste révèlent une infinité d’expressions. Elles conjuguent
la spiritualité, la gestuelle, le mouvement et le virtuel. «Les réalisations
plastiques d’artistes-peintres de la teneur de Omar Bouragba se révèlent à nous
en tant que lumière visuelle formulée en termes de réflexion et de pensée spéculatives
pour nous aider à nous défaire de la détresse et de la misère qui nous
empêchent de voir avec notre cœur et finissent par nous avilir», témoigne dans
ce sens le chercheur Abdelaziz Boumesshouli.
Séduit par
les formes, Omar Bouragba n’utilise pas que l’expression graphique (cercle,
triangle, carré…).Ces formes sont placées au cœur de l’espace du tableau, plus
souvent en hauteur que vers le bas. Pour ce qui est des couleurs, dans certains
tableaux on peut apercevoir le gris, assez proche d’un bleu pâle, une rose
couleur de miel.
Dans d’autres
toiles, on peut contempler des fois le bleu, des fois le violet. Attiré par la
magie des matières, Bouragba utilise les pigments, l’or, l’ancre et le fusain.
Poète, il peint depuis 1959. Son séjour à Rabat lui permet de connaître le
milieu artistique des années 1960. C’est ainsi qu’il se lie d’amitié avec Mekki
Murcia, qui lui organise sa première exposition à La Mamounia de Rabat en 1965.
Son exposition «Extrême Limite» ou «La fusion dans l’Autre» à La Maison de la
Pensée en 1967 le révèle au monde r’bati de la culture et des arts.
En outre, sa
rencontre avec Jilali Gharbaoui en 1965 et Ahmed Yacoubi en 1968 a été
déterminante dans ses orientations de peintre. Abderrahmane Serghini lui achète
deux peintures qui seront les premières acquisitions de toute cette collection
prestigieuse et lui a proposé un atelier avec tout le confort nécessaire pour
peindre. Cette période est marquée par l’éclatement et la recherche du centre.
Travaillant dans la précipitation et l’urgence, Marrakech l’appelle en 1971 où
il élit refuge dans la spiritualité d’Ibn Arabi.
Il est à rappeler que l’artisteOmar Bouragba vient
de publier sa monographie avec le
soutien du ministère de la culture dont voici sa préface rédigée par Noureddine
Bousfiha ,sociologue et sémiologue des arts et des littératures : « Le lecteur s'offensera
peut-être de me voir reprendre la plume pour livrer une réflexion qui n'a pas
besoin d'être ici justifiée. Quoique j'eusse pu faire entrer dans ce prélude,
il m'a semblé que n'y ayant point un angle nécessaire, le lecteur trouverait
plus d'intérêt à privilégier l'oeuvre dans sa variation plutôt que la critique
qui se noie dans les catégories formelles.
Tout éloigné
que je suis de prétendre à la qualité d'un critique d'art objectif, témoin
cependant du long parcours de l'artiste, je n'ignore point qu'une appréciation
doit être déchargée de l'amitié qui la rendrait pesante. Il n'est pas même
besoin d'une autorité en la matière pour prouver une vérité si simple: le bon sens
et le goût.
D'abord un
fait: Bouragba est un artiste qui a entièrement consacré sa vie à la peinture.
Son cheminement silencieux s'est poursuivi avec tant d'opiniâtreté, avec une
tension si soutenue et une absence d'ostentation qui mérite le respect. J'ai
toujours trouvé quelque chose d'enrichissant, d'heuristique dans le travail
iconique de ce peintre qui a le don de nous conduire au-delà du représentable.
J'ai toujours
apprécié son travail, sa qualité picturale qui couronne une oeuvre arrivée à sa
maturité, accordant une attention
privilégiée à la matière dans un dispositif qui allie formes structurées,
couleurs, compositions harmonieuses pour célébrer comme il se doit la lumière
dans un langage se fondant sur une recherche sentie en pensée sensorielle.
Chacun de ses tableaux emprunte à un agencement soigneusement orienté. Mieux
qu'un artiste, il pourrait être un illusioniste. Et ceci lui confère une place
particulière dans les arts plastiques marocains.
Si l'on
excepte quelques oeuvres qu'on peut situer autour des années 90, on peut d'ores
et déjà dire que l'oeuvre de Bouragba est faite d'oppositions entre hédonisme
et scepticisme, du moins c'est ce que j'ai toujours ressenti au contact de tout
un florilège dont la mystérieuse substance n'a pas fini de m'interpeller. Mais
chacun est invité à analyser et interpréter selon sa propre vision, selon son
vécu personnel. Il s'agit tout simplement de trouver la clef pour pénétrer
subtilement cette peinture organique au gré de sa propre imagination
.
.
De toute manière,
on ne peut échapper à cette pensée de l'espace qui fait intervenir dans une
expression picturale l'abstraction de la lettre et du signe offrant une
infinité de possibles à la création artistique. Pourtant, l'artiste n'ira pas
jusqu'à s'abandonner au mouvement "hurrufiyyâ", concept forgé par les
peintres irakiens autour des années 40. Certes Bouragba a forgé un mode de
création qui a tenu à privilégier la tradition mais en lui intégrant des
données de l'art universel. "Il n'y a pas d'innocence de la vision"
disait Gombrich.
Le peintre a
choisi le concret et son travail tire beaucoup vers la poésie dans un élan de
cohabitation et de sensibilité. Mais le plus frappant n'est pas dans ce
dialogue. Il réside dans la fluidité qui émane de sensations épurées. Cette
oeuvre est si résolument intemporelle qu'il est difficile de la situer sur le
plan chronologique. Là est sa seule vérité, vérité qui se situe dans "la
libre nécessité". C'est comme un voyage que l'artiste arpente dans son
art. Et on ne ne saurait mieux définir cet art qui, pour paraphraser Walter
Benjamin, n'a jamais perdu de vue que son unique objet est de révéler à la
conscience les puissances de la vie spirituelle. "
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