تشكيـل
ثقافـة وفنـون..
Initiée par la
Fondation CDG à Rabat
Carte blanche de l’artiste Bouchaib Habbouli
La galerie d’art
« Espace Expressions CDG » à Rabat
abrite jusqu’au 20 octobre 2017
l’événement artistique : Carte blanche de l’artiste Bouchaib Habbouli confiée par
la Fondation, avec conviction et grande fierté, pour animer une exposition tenue sous le thème « Regards d’artistes
wakaaiapress
Dans cette
exposition à l’Espace Expressions CDG qu’il ajoute à son registre, Habbouli a
choisi de nous présenter quatre jeunes artistes : Hassan Abarou, Rachid
Bakhouz, Anas Bouanani et Aziz Sahaba, qui nous proposent une palette de styles
allant de l’abstraction lyrique à la nouvelle figuration autour d’œuvres
comportant une variété de formes, de traits et de couleurs, offrant ainsi un
«Regard» indépendant, créatif et fantaisiste. Habbouli quant à lui, dans sa
recherche perpétuelle d’expressions nouvelles, nous dévoile la dernière
technique qu’il aborde:le travail du cuivre
Dans sa
connotation artistique, le concept Carte Blanche fait référence à un pouvoir
attribué à un artiste de notoriété établie
pour choisir d’autres artistes, émergents ou débutants, et les mettre en avant
en affichant, le temps d’une exposition, ses œuvres aux côtés des leurs. Du
parrainage artistique diraient les connaisseurs de l’art, mais dans quel
objectif ? Mise en lumière de talents jusque-là méconnus, sensibilité à un
style artistique particulier, fascination à l’égard d’un profil ambitieux et
persévérant, appartenance à tel ou tel courant artistique,… Quelle qu’en soit
la raison, une telle initiative ne peut avoir que des retombées bénéfiques pour
le fleurissement de l’art en général, et pour le rayonnement culturel du Maroc
en particulier. En acceptant d’endosser cette responsabilité, Bouchaib Habbouli a préféré rompre avec la
démarche ancestrale qui met en scène le maître et son élève, et tout ce que
cette relation comporte comme principes à respecter. L’artiste a souhaité
favoriser la libre performance tout en définissant le cadre créatif qui
orientera l’exposition. Habbouli, un des grands peintres marocains les plus
suivis sur la scène artistique nationale et aussi internationale, a bâti son
histoire à travers son riche parcours ponctué par ses expositions dans de
nombreuses galeries et institutions. Ses œuvres font partie de plusieurs
collections de musées tant au Maroc qu’à l’étranger
Cette
exposition sera aussi l’occasion, et on ne s’en lassera jamais, de redécouvrir
Habbouli, cet homme natif d’Azemmour, au caractère bien trempé, qui refuse les
privilèges et qui fait montre d’une citoyenneté exemplaire en œuvrant pour la
promotion de la production artistique des régions et pour la valorisations des
jeunes potentiels, loin des cercles habituels et du marché de l’art. Quand la Fondation CDG donne «Carte blanche»
à Habbouli Bouchaib, il en use selon la démocratie. C’est-à-dire, selon ses
propos, donner la chance à autrui pour exposer, pour se faire connaître et
atteindre la notoriété. Sortant des sentiers battus et des convenances dans ce
genre de manifestation, le peintre reconnu sur la scène artistique «a préféré
rompre avec la démarche ancestrale» comme le souligne Mme Naciri, directrice
générale de la fondation mécène. Prônant une ouverture sur la jeunesse,
cherchant la production picturale «là où la pratique artistique a besoin
d’attention et d’accès à la sphère culturelle», Habbouli invite quatre artistes
à cette exposition placée sous le thème «Regards d’artistes» pour leur offrir
l’opportunité de libérer leur énergie créative. Il s’agit d’Hassan Abarou,
Rachid Bakhouz, Anas Bouanani et Aziz Sahaba. Il manque à cette liste une présence
féminine pour que la démocratisation voulue par Bouchaib Habbouli puisse
intéresser l’ensemble de la population artistique dans sa diversité
Hassan Abarou
s’inscrit dans «l’esthétique abstraite consciemment maitrisée». Des toiles
vides pour le regard avec un contraste aux limites qui laisse la recherche de
la volonté de l’artiste libre de toute entrave. On retrouve des signes, une
signature ; comme pour casser l’omniscience d’une étendue uniforme et sans
aspérités. Les lignes asymptotiques retiennent l’imaginaire pour le ramener à
l’absurdité de ce qu’il voit. La tendance est de minimiser l’effort consenti
pour l’expression artistique alors qu’il s’agit «d’un déploiement d’espaces
superposés de différentes trames» obtenu par une puissance gestuelle et une
fureur fougueuse. Cela se comprend mieux quand les tons se détachent
délicatement ou se rassemblent vers une colonne génératrice d’énergie. L’espace
est ainsi rempli ; du vide sidéral on retrouve de la matière. Le temps s’étale
sur une génération entre deux siècles.
Rachid Bakhouz
est dans l’abstrait. Ses toiles donnent aux neurones cette frénésie nécessaire
pour comprendre l’usage des couleurs et des formes. L’espace de la toile ne se
consomme pas totalement. Une marge souligne la perméabilité du magma coloré, en
cours de différenciation, et cette zone où presque rien ne figure. Comme si le
peintre avait besoin de repos après son effort artistique ou d’exprimer sa
volonté de laisser les choses telles qu’elles sont, stagnantes mais en même
temps ouvertes à toute perturbation plastique. Abstraction faite de la
signature, la toile ne présente aucune polarité ; alors que la polarisation des
tons souligne la nuance ou parfois la limite entre les agrégats. La
contemplation permet au regard de se retrouver dans une conception autre que
celle de l’artiste. Cette approche de l’espace, dans une expression picturale
bidimensionnelle,a la capacité de susciter des passions où on retrouvera
l’émancipation et la remise en cause aussi bien de soi que de l’environnement et
de son architecture
Anas
Bouananise rapproche de l’abstraction lyrique selon Habbouli. On est touché par
ses teintes automnales qui tourbillonnent où s’étalent au-dessus d’un amas de
sable dans une cartographie de plus en plus apaisée. Blanc en cascade à travers
un gris en filaments, à moins qu’il ne constitue le socle de ce qui apparaît
comme la dominante, une couleur de terre dont «les émanations encore indicibles
(laisse) l’imaginaire construire une utopie insaisissable». La stratification
se devine quand elle n’est pas soulignée. Elle est relique du figuratif acquis
avant «la maturation lente et réfléchie» vers la synthèse de l’abstraction et
la liberté qu’elle procure. La vulnérabilité des formes induit le doute sur
leur réalité sans pour autant les mettre en cause dans la construction du rêve
auquel aspire l’artiste.
«Le tout collé et traité au pastel», la formule est de
Moulim El Aroussi dans la présentation du travail pictural d’Abdelaziz Sahaba.
Des visages penchés montrant une certaine ingénuité ou une réflexion dont la
pesanteur maintient l’équilibre de la tête. La beauté des traits est atténuée
par la profondeur du regard; et au nez masculin fait suite une bouche féminine.
Personnage en quête du bonheur qui reste prisonnier de ses narines au milieu de
coupures où l’on arrive à décrypter des bouts de phrases tels que talon
d’Achille ; refuge ; rêves ; senti… (ments ?), des «finances» chamboulées et
autres coupures dont la signification est beaucoup plus en relation avec
l’appréciation de l’artiste que du regard méditatif. Un sentiment
d’intelligence se propage du personnage dont l’envol de l’oiseau hors de sa
cage suggère sa conviction profonde pour la liberté. Le temps est oublié dans
la solitude. Enveloppée dans un col roulé pour éviter le froid de
l’environnement, la gorge, cet entonnoir entre l’intérieur et le monde
extérieur, est soumise à rude épreuve à voir les mégots dans le cendrier, la
fumée qui se dégage, les boissons qui font croire au bonheur
Comme pour
souligner la continuité de son travail, Habbouli expose au fond de la galerie
des bas-reliefs, alors que l’on retrouve exposé au milieu de la salle des
bijoux reprenant les motifs deses peintures au brou de noix et une partie de
celles-ci. La disposition des tableaux dans son ensemble reflète la
matérialisation de la «Carte blanche» qui lui a été accordée.
Devant ses
cuivres en relief, Bouchaib Habbouli se lance dans un plaidoyer revendicatif
sur la diversité de l’expression plastique rejetant toute rupture ou approche
différente. Identique à lui-même, il trouve dans la fidélité un apaisement.
C’est l’expression de l’esprit sur lui-même qui atténue, allège et console les
méfaits de la bêtise humaine exécrable, car non reconnaissante du plaisir de la
vie autant dans sa sobriété que dans sa splendeur. Habbouli est autodidacte, sa
renommée, il la doit à lui-même, à son travail et à sa persévérance. La vie n’a
pas été toujours clémente avec lui et les beaux jours sont ceux où le peintre a
pu se débarrasser momentanément de ses figures, de ses portraits qui «
l’habitent », de ses oiseaux dont l’envol reste incertain. C’est aussi une
raison qui explique sa volonté de « démocratiser l’art », lui qui sait ce que
vaut l’expression picturale sur le marché sans pour autant bénéficier toujours
de sa manne.
Natif et
habitant d’Azemmour, il constitue un succédané humain et humaniste de la ville
elle-même. Entre ses ambitions dans l’émancipation et la réalisation de son
envol et les contraintes de la rigueur, de la discipline, de la maitrise des
techniques de la vie pour se maintenir dans un environnement de plus en plus
agressif. Les oiseaux et les figures du répertoire créatif de Habbouli font
partie de sa métaphysique. Bien malin celui qui arrivera à les déchiffrer dans
le vécu de l’artiste, dans une société clair-obscur où il refuse toute forme
d’aliénation, dans sa culture d’adulte et dans ses hantises d’enfant.
0 التعليقات:
إرسال تعليق